Il y a la tradition «nordiste» : les crânes fétichisés de l’ennemi dans lesquels auraient trinqué les Vikings, ou les crânes shakespeariens, les prises de crâne à la Hamlet, et encore les vanités, voire les têtes de morts gothiques. Et puis il y a la manière méridionale, et plus précisément napolitaine, qui consiste à vivre au milieu des crânes comme au milieu des fleurs et à les adorer, leur parler, les prier.
Offrandes. C'est ce culte étrange, direct et sans cérémonie, ce voisinage quotidien, banal mais sacré, cette proximité permanente et détendue que Giovanni Cioni est allé filmer, ou plus littéralement documenter, à Naples, où la passion du crâne est encore vivace. Tourné sous un climat métallique et froid à contre-pied de la carte postale, filmé dans des cimetières, basiliques, églises et catacombes de l'immortelle capitale de l'Italie du Sud, In Purgatorio ne montre que ça : comment tout un petit peuple de gens attachants entretient avec les crânes des défunts un commerce social dont les origines remontent à la nuit des temps. Au cimetière des Fontanelle, les femmes prient ces «âmes du purgatoire» pour leur demander la faveur de trouver un mari à leur fille. Ailleurs, c'est un fils auquel on veut épargner la guerre, une maladie que l'on souhaite guérir. Les offrandes sont des prières ou des petits mots. Certains crânes ont des petits noms : «le Capitaine» est particulièrement révéré.
In Purgatorio semble se projeter sur le spe