«Je devais avoir 4, peut-être 5 ans, quand il est entré pour la première fois dans ma vie. Je l'ai vu d'abord sur la couverture d'une partition musicale que mon père avait placée sur le piano dans notre salon. Au premier plan, un homme et une femme en noir et blanc et derrière eux, une ombre verdâtre imposante avec un chapeau de feutre. Quelque chose dans cette image m'intriguait et me faisait peur», se remémore Erik Bünger, réalisateur suédois, en prélude à son film The Third Man, présenté samedi au centre Pompidou dans le cadre du festival Hors Pistes.
Lui, c'est l'insaisissable Troisième Homme, du film noir de Carol Reed de 1947, ou plus précisément l'air entêtant qui lui est attaché et que son père jouait au piano. Connu sous le nom de Harry Lime Theme, son succès dépassa celui du film, passant onze semaines en tête des charts américains, et objet d'un nombre infini de reprises. «Chaque fois que j'entendais cette mélodie, j'avais le sentiment bizarre que quelqu'un m'observait depuis un point de vue caché.» Une mélodie qui le hantera toute sa vie, réapparaissant subitement ça et là, sous la forme d'une boîte à musique chez un antiquaire en Suisse ou dans les haut-parleurs de la station Ebisu à Tokyo qui continue à propager l'infection.
Désir. L'anodine ritournelle est le point de départ d'une enquête sidérante menée par l'artiste suédois. A partir de ces quelques notes de cithare, Erik Bünger, réalisateur mais au