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Libération
Critique

«Tatsumi», Khoo de crayon

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Le Singapourien Eric Khoo rend un vibrant hommage au vieux et mythique mangaka.
publié le 1er février 2012 à 0h00

Révélé à Cannes par deux films sublimes, Be With Me (2005) et My Magic (2008), Eric Khoo fait figure de héros d'un nouveau cinéma de Singapour au sein duquel il officie autant comme cinéaste que comme producteur de la plupart de ses jeunes compatriotes. Si le reste de la production de la cité-Etat reste à l'écart de nos écrans, film après film, on s'est pris de passion pour son cinéma de miniatures intimes, aux dispositifs très purs, toujours limpides, habités par un certain sens du miracle.

Ainsi, dans Be With Me, du tragique feutré des tractations amoureuses d'un trio adolescent, figurées via l'envahissement du cadre par leurs SMS hésitants, ou encore de l'irruption à même l'écran de l'intériorité d'une femme sourde et muette, par un déchirant soliloque de sous-titres au milieu du silence de mort qui était l'ordinaire du personnage. Désormais détenteur d'une carte d'abonnement triennal aux joies de la Croisette, Khoo y refaisait une apparition (trop) discrète en mai. Il y présentait un cinquième long métrage qui est aussi sa première incursion dans le champ du cinéma d'animation, exercice d'admiration pour un titan mélancolique de la bande dessinée nippone, Yoshihiro Tatsumi.

Rivalité. Pourquoi pareille vénération ? Bardé de prix et de médailles honorifiques, bien qu'encore peu traduit en Occident, Tatsumi incarne pleinement au Japon un tournant de l'histoire de son art. Dès 1957, il avait proclamé l'avènement d'un genre dont il se