Menu
Libération
Interview

«Aller au cinéma, c’est la moitié de la vie»

Article réservé aux abonnés
Séance tenante Danièle Hibon. Programmatrice du cinéma au musée du Jeu de paume de 1991 à 2011, elle débute avec les films de Beckett, Péléchian, Mekas et l’installation de Raoul Ruiz l’Expulsion des Maures, elle a permis plusieurs découvertes en France, comme celle de James Benning. Elle prépare la rétrospective de l’artiste américaine Barbara Hammer au Jeu de paume en juin. photo DR
publié le 8 février 2012 à 0h00
La première image ?

Le moulin de mon grand-père. Il me tient la main sur le pont au-dessus de la rivière et me raconte : une jeune fille s'est approchée trop près et s'est noyée. J'imaginais les longues herbes dans ses cheveux qui s'agitaient dans le courant. Je la vois plus tard, dans la Nuit du chasseur.

Le film qui a traumatisé votre enfance ?

Le Silence de la mer, pendant le récit de Howard Vernon l'officier allemand, on voit sa blonde fiancée, allongée dans l'herbe, arracher les pattes d'un moustique qui vient de la piquer.

Le film que vos parents vous ont empêché de voir ?

Et Dieu… créa la femme de Roger Vadim. Je suis allée le voir en cachette un après-midi de vacances, troublée par la grâce et la sensualité de Bardot avec sa blouse de travail entrouverte, marchant pieds nus au bord de la route.

Une scène fétiche ou une scène qui vous hante ?

Le générique de Hiroshima mon amour, la cendre sur les corps, l'emprise sur moi des souffrances et des douleurs de Hiroshima-Nevers. Le trouble érotique du grain de la peau de l'acteur Eiji Okada.

Le film que vous avez le plus vu (à la télé ou en salles)…

Hantise de George Cukor. Comme plus tard dans les Amants du Capricorne, la jeune Ingrid Bergman, incandescente et consumée. L'angoisse du secret, la hantise de la dissolution du moi, le complot mortel des objets du quotidien.

Qui ou qu’est-ce qui vous fait rire ?

A bord du Darjeeling Limited. Le récit d'initiation revu par l'humour et la fantaisie. Le récit d'aventure dans l'Inde fantasmée des années 60. L'ultra intelligence de Wes Anderson, l'élégance raffinée et lunaire d'Adrien Brody.

Un film dans lequel il ferait bon vivre…

Jour de fête de Jacques Tati, monde à la fois cocasse, tendre, désorganisé, mai