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Interview

Tomas Alfredson : «Il fallait un idiot de Suédois comme moi pour oser s’y attaquer»

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Tomas Alfredson, auteur de «Morse», revient sur sa version de «la Taupe», œuvre mythique outre-Manche :
publié le 8 février 2012 à 0h00

Depuis le début de sa carrière, au début des années 90, Tomas Alfredson a essentiellement travaillé dans sa Suède natale. Il y a réalisé une vingtaine de films, dont beaucoup de comédies, pour le cinéma et la télévision, avant de connaître, en 2008 avec l'épatant Morse, un fulgurant succès dans une trentaine de festivals. Offrant sur le thème éculé du vampire une variation moderne et poétique, le film a tout changé pour Alfredson, âgé aujourd'hui de 46 ans. Deux ans plus tard, prenant à contre-pied un fan-club naissant qui s'attendait à ce qu'il creuse ce sillon fantastique, Alfredson s'attelait à une adaptation d'un roman de John le Carré, la Taupe. Un pari compliqué tant, en Grande-Bretagne, le livre et, plus encore, la série qui en a été tirée, possèdent un statut presque tabou. Sorti en septembre à Londres, la Taupe a remporté un immense succès.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire ce film ?

D’abord, j’aime changer totalement d’univers d’un film à l’autre. Ensuite, même si je ne suis pas amateur de romans d’espionnage, j’aime beaucoup John le Carré et les émotions que dégagent ses livres. C’est une lecture qui demande beaucoup de concentration, presque du travail. Je voulais que le film soit ainsi. L’attrait du roman et du film est là : c’est un jeu de l’esprit. Au-delà du plaisir d’adapter ce récit complexe pour un film de deux heures, le héros, George Smiley, me passionne. Il évolue dans un contexte, celui des espions et des agents doubles, où il est obligé de créer en permanence un monde