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Libération
Critique

«Les Fleurs du mal», l’Iran en cachette vidéos

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Poésie . Désordre sentimental et images d’émeutes version YouTube.
"Les Fleurs du mal", version iranienne. (DR)
publié le 8 février 2012 à 0h00
(mis à jour le 8 février 2012 à 9h27)

C’est peu dire que la réalité des révolutions dans les pays arabes ou en Iran a été essentiellement perçue en Occident par le truchement d’Internet, entre messages Facebook et images réalisées au portable pour immortaliser les feux d’une insurrection historique. David Dusa, jeune réalisateur né à Budapest, grandi en Suède et vivant en France, s’est lui aussi passionné pour ces jours instables, exaltants et terrifiants.

Maladroit. Son film, dont on mesure à chaque seconde le caractère improvisé et le charme maladroit qui va avec, puise sa substance justement dans ce flot ininterrompu de vidéos floues et furieuses, où la mort et l'espoir s'entremêlent sans qu'il soit possible d'en distinguer les frontières.

Comme le prouve la mélancolie de l’héroïne, une jeune Iranienne francophile, issue d’une bourgeoisie assez confortable pour l’expédier dans un exil paisible à Paris pendant que Téhéran prend feu. Elle passe sa vie à prendre des nouvelles sur Twitter et sur YouTube, décortiquant chaque scène image par image, scrutant si les blessés et les morts sont des proches, tandis que, tout autour d’elle, Paris continue à ronronner comme si de rien n’était. Elle s’accroche à ces images, s’y abîme et s’y perd, cherchant vainement à faire partie d’une histoire dont sa condition de privilégiée l’a exclue.

Libre. Seule l'intrusion d'un gamin de Paris, jeune Beur au visage d'enfant, danseur de rue qui se force à l'insouciance de son âge en passant son temps à m