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Libération
portrait

Mathieu Kassovitz, s’envoyer en nerfs

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Furieux de l’échec de «l’Ordre et la Morale», l’irascible réalisateur pique sa crise contre le cinéma français.
(Photo Fred Kihn)
publié le 13 février 2012 à 0h00

On le dit prétentieux. Bad boy des réalisateurs français, provoc, pas franchement fan des journalistes. Et un brin tête à claques. On le dit aussi vrai cinéaste. Une qualité distribuée avec parcimonie dans la petite famille du cinéma français. En réalité, Mathieu Kassovitz est un peu plus que tout ça. Pour le meilleur comme pour le pire. On aurait pu s'en douter, au regard de sa poétique colère après l'annonce de l'unique nomination de son dernier film, l'Ordre et la morale, dans la catégorie «meilleur scénario adapté». Le 27 janvier, à 18 h 44, il postait ce tweet désormais célèbre : «L'Ordre et la Morale. Une seule nomination aux césars. J'encule le cinéma français. Allez vous faire baiser avec vos films de merde.» Amen.

Kassovitz en interview, c'est donc d'abord une catastrophe. Silhouette frêle virant au maigre dans son jean délavé et ses grosses chaussures rouges d'ado, il débarque avec un mug et son portable. S'assied et envoie des textos pendant au moins cinq bonnes minutes. Et ne lève les yeux de son petit écran que pour s'agacer : les questions ne viennent pas assez vite. «Vas-y, roule ma poule !» tutoie-t-il, direct. La mine est renfrognée. La posture arquée. Prêt pour la bagarre. L'ambiance est pourtant à la promo du prochain film de Sylvie Testud, la Vie d'une autre. Kassovitz y interprète le rôle du mari abandonné par une femme (Juliette Binoche) qui a oublié de vivre pendant quinze ans. Les deux acteurs y son