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Libération
Critique

Un «Noces» à ronger

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Docu . Philippe Béziat porte la cantate-ballet de Stravinsky à l’écran et aux bords du lac Léman.
publié le 13 février 2012 à 0h00

Rattrapage par le bout de l'oreille. Le film Noces de Philippe Béziat a l'avantage de faire lire un livre (Souvenirs sur Igor Strawinsky de C.F. Ramuz, 1929), écouter une cantate en entier, voir du cinéma au lieu d'un film et visiter les alentours de Lausanne, tout ça en une heure trente. Economique. On n'en fait pas autant la plupart des jours.

Béziat avait déjà documenté en 2009 la mise en œuvre de l'unique opéra de Debussypar Py et Minkowski à Moscou (Pelléas et Mélisande, le chant des aveugles). C'était classique mais humain (un entretien avec une violoniste septuagénaire maquillée comme un camion illuminé). La genèse de Noces et son laminage percussif (quatre pianos et un ensemble de percussions) dictent une forme plus retorse au film. Noces a été composé à Clarens, sur les bords du lac Léman, lieu rousseauien, entre 1914 et 1921. Stravinsky parle à son sujet d'une œuvre «parfaitement homogène, parfaitement impersonnelle et parfaitement mécanique», à l'image de la tresse de la mariée qui ouvre et tisse la pièce : «On tresse, on tressera la tresse à Nastasia», commence le livret traduit du russe au français par le Suisse Ramuz. Le résultat, de fait, est rythme pur et sans humain, religieusement positiviste.

Le documentaire montre les répétitions de la chef Mirella Giardelli et ses musiciens, en conversation avec l'actrice Dominique Reymond, présence doucement spectrale qui porte la voix du Ramuz des Souveni