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Libération
Critique

En fer et dame nation

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Au secours, Maggie Thatcher revient ! Biopic complaisant, «la Dame de fer» prend le parti de la Cruella anglaise des années 80.
Meryl Streep, dans «La Dame de fer» (DR)
publié le 15 février 2012 à 0h00
(mis à jour le 15 février 2012 à 7h59)

Si proches l'une de l'autre, les sorties de J. Edgar et de la Dame de fer relèvent davantage du symptôme que de la coïncidence. Tandis que la silhouette trapue du pitbull Edgar J. Hoover n'a pas encore quitté les salles, celle non moins massive de Margaret Thatcher y fait son entrée. Dans les deux cas, une biographie romancée frappée du sceau comminatoire de l'histoire vraie - tendance lourde qui commence à taper sérieusement sur le système -, un même appel à l'empathie à l'égard de personnages plutôt repoussants et, enfin, une même intrusion bienveillante dans leur intimité la plus secrète. La similitude s'arrête quand Eastwood s'abstient de verser dans le jugement historique péremptoire (ce, qu'à la rigueur, on pourrait lui reprocher) et surtout dans l'admiration béate pour son héros. Le moins que l'on puisse dire, c'est que Phyllida Lloyd n'a pas pris ce genre de précautions.

Pour traduire son évident emballement pour la Prime Minister, la réalisatrice britannique amarre son affaire à quelques ficelles grosses comme des cordes de la Navy de Sa Gracieuse Majesté. En premier lieu, l'origine sociale de Margaret Roberts, future Thatcher, fille d'un épicier de Grantham, dans le comté oriental du Lincolnshire, dont la jeunesse fut marquée, dit le film, par l'impérieuse nécessité de protéger le beurre familial pendant les bombardements allemands du Blitz et, en toutes circonstances, par une dévotion dans le travail qui lui vaut les quolibets de ses peti