Tôt le matin, à l'entrée de l'exposition de Hans-Peter Feldmann au musée Hamburger Bahnhof, on peut visionner quelques minutes des Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy, considéré par l'artiste comme un des meilleurs films au monde. La surprise est bonne mais saisissante, l'expo intitulée «Die Toten» («les morts») affichant une centaine de portraits de victimes de la guerre civile ayant opposé jusqu'à l'orée des années 90, les tueurs de la Rote Armee Fraktion (RAF) à l'Etat allemand et sa police. Tard le soir, à la sortie d'un bar du quartier de Kreuzberg, le photographe islandais Benni Valsson, armé de l'application «Super 8» de son iChose, filme un plan séquence en noir et blanc, sautillant et rayé, comme téléportée de la Nouvelle Vague.
Le cinéma contemporain serait-il voué à naviguer, voire dériver, entre le haut de gamme de la citation «arty» et les basses gammes du «divertissement» ? La 62e édition du festival international de Berlin (Berlinale), qui s'est conclue hier, permet d'esquisser quelques réponses à ce chaos théorique.
Toutes sections confondues, le paysage avait tout d'un panorama, y compris dans sa sélection officielle qui mit à égalité de compétition, des films dits grand public (le bastonnant et féministe Haywire, de Steven Soderbergh) et des œuvres nettement plus rares, tel le très précieux Tabu, de Miguel Gomes. «Il en faut pour tous les goûts», a déclaré maladroitement le directeur du festival, Dieter Kossl