Chaque coup de téléphone que reçoit Christophe Gauthier, conservateur à la Cinémathèque de Toulouse, est susceptible de contenir un message comme celui de novembre : «Il y a plein de bobines sur un trottoir.» A l'autre bout du fil, un informateur sérieux qui fait partie du réseau d'amis, collectionneurs ou habitués de la cinémathèque, tous fanas de cinéma, qui ne manquent jamais l'occasion d'alerter l'établissement lors d'apparitions subites de vieilles pellicules. Selon cet homme, l'affaire se déroule à quelques kilomètres d'Arles, mais il n'en sait pas plus. «Nous n'avions aucune information précise, raconte Christophe Gauthier. Il a fallu passer pas mal de coups de téléphone avant qu'une femme vivant près d'un grand hangar ne m'explique que le bâtiment allait être vendu. Elle m'a mis en relation avec l'homme chargé de vider les lieux qui m'a confirmé que le hangar était bourré de bobines de cinéma.»
Quelques jours plus tard, Christophe Gauthier est sur place. Pas question de traîner, sinon c'est à la décharge municipale qu'il faut aller sauver ce qui peut l'être. «C'était un bâtiment vétuste d'environ 500 mètres carrés, avec des trous dans le toit, un bric-à-brac invraisemblable, du matériel publicitaire et, en effet, des centaines de films sur les étagères», précise le conservateur. Renseignements pris, le propriétaire est un vieil homme, ancien spécialiste de matériel de projection qui, dans les années 70 et 80, avait eu l'intention de