Après un week-end de célébration triomphale, un parfum de griserie générale flotte sur le cinéma français. Cette séquence de gloire s'est ouverte vendredi soir avec les césars, dont le cru 2011 a surtout fêté une nouvelle génération de gagneurs (Intouchables, Polisse, The Artist) et elle s'est conclue par une «nuit bleue» sur Hollywood, avec une moisson d'oscars historique à plus d'un titre (Jean Dujardin, meilleur acteur, est le premier Français ainsi récompensé et The Artist le premier film français gratifié de cinq récompenses).
Orfèvre. Il est toujours plus facile de trouver, a posteriori, des motivations à un succès. Dans le cas de The Artist, ces raisons ne manquent pas. Outre Jean Dujardin lui-même, dont la capacité à séduire (et dans les règles de l'art !) les médias américains force l'admiration, la puissance de séduction du film tient d'abord à sa grande précision technique. Il en émane un sentiment de travail bien fait, d'exécution nickel, dont le cinéaste Michel Hazanavicius a toujours été un orfèvre pointilleux (ses OSS 117 en attestent) et à quoi la culture américaine a été particulièrement sensible.
Néanmoins, il serait idiot de nier que le mutisme du film a également beaucoup joué en sa faveur. Les professionnels du cinéma américain qui composent le collège des votants pour les oscars sont comme tout le monde : ils sont sensibles aux films qui trouvent la voie la plus directe vers leurs émotions et l