Menu
Libération
Critique

La Guerre si vile

Article réservé aux abonnés
G.I. Joe . Une variation saisissante de réalisme et de brutalité sur le second conflit mondial par William Wellman, avec en regard un docu de John Huston.
publié le 7 mars 2012 à 0h00

Avec un bel entêtement, Wild Side poursuit l'exploration de films à la manière d'une épopée mythologique. A ce titre, The Story of G.I. Joe, titré en français les Forçats de la gloire, constituait un candidat rêvé à un tel traitement. La Seconde Guerre mondiale bat son plein quand naît le projet du film, directement inspiré par les chroniques d'Ernie Pyle, reporter «embedded» dans une unité de soldats sur le front d'Afrique du Nord puis d'Europe. Comme le relate le livre de l'historien et journaliste Michael Henry Wilson qui accompagne cette édition, Pyle s'était rendu populaire en Amérique grâce à la sobriété presque aride de ses chroniques.

Intensité. Pas d'héroïsme ou de patriotisme bravache dans les récits des batailles de Tunisie, de Libye ou d'Italie, mais des faits bruts, de la peur, du dégoût, de l'épuisement et du chagrin. Ce sont exactement les sentiments qui traversent le film de Wellman, relevant pratiquement d'un antimilitarisme ou, du moins, d'un pacifisme effarant quand on songe que la guerre est bien loin d'être gagnée quand le tournage débute.

Hormis les scènes de combat dont beaucoup, comme souvent chez Wellman, privilégient la violence hors champ (comme le regard des soldats découvrant le premier de leurs camarades à tomber), le film gagne en intensité lorsqu’il s’agit de traduire l’insoutenable et pathétique épreuve que constitue le quotidien de la guerre. L’attente interminable dans des grottes humides, la boue g