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Critique

Il y a 35 000 ans naissait «l’homo cinematographus»

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L’historien Marc Azéma va chercher l’origine du cinéma au fin fond des cavernes préhistoriques.
publié le 14 mars 2012 à 0h00

Alors voilà, oubliez tout ce que vous savez ou croyez savoir : le cinéma n’a pas été inventé en 1895. Il est né il y a environ 35 000 ans. La pilule paraît un peu grosse à avaler ? Pourtant, la démonstration est limpide. Le cinéma est apparu dans l’esprit de l’homme à partir du moment où l’évolution de celui-ci lui a permis de «projeter» des images. Mentales, certes, mais quel saut gigantesque par rapport aux autres espèces animales ! Avec certaines d’entre elles, nous partageons depuis la nuit des temps la capacité de rêver, origine probable de tous les arts.

Mais en parvenant à rêver en quelque sorte éveillé, c'est-à-dire en accédant à l'imaginaire, au fantasme, au simulacre et à toutes les formes de représentations mentales (auxquelles nous procédons naturellement, sans même le décider, tout au long de notre vie), l'espèce humaine a entamé un long processus de création des images, qui l'amènerait plus tard à décorer les parois rupestres. Et, encore plus tard, après avoir épousé les métamorphoses de la peinture, de la fresque, du tympan, de la laterna magica… Cette propension à faire des images finira par s'incarner, à la fin du XIXe siècle, dans une forme que l'on a appelée «film». Le film, dans cette perspective, n'est que le véhicule historique, contextuel et provisoire de la capacité humaine immémoriale à (se) «faire du cinéma».

Cette thèse, qui rejoint pourtant le cœur de la problématique critique, n'est pas la nôtre. Elle est l'œuvre d'un scientifiq