L'histoire du cinéma raffole de films comme Bellflower. Un budget famélique (17 000 dollars) justifiant le statut d'indépendant, huit ans de travail dans des conditions proches de celles d'un squat, une douzaine de jeunes gens qui bricolent des caméras et des bidules apocalyptiques qui crachent le feu pour faire de belles images, le tout à quelques kilomètres de l'indifférence des puissants studios d'Hollywood… Sans oublier, et c'est l'essentiel, l'acharnement d'un inconnu complet qui a écrit, réalisé et monté le film tout en jouant dedans. Un an après avoir entamé son périple dans une bonne trentaine de festivals, Evan Glodell, 31 ans, réalisateur de Bellflower, est à Paris pour montrer ce qui représente pour l'instant, et au moins jusqu'à la sortie de son second film, le projet d'une vie.
D’où venez-vous ?
D’une petite ville du Wisconsin où j’ai passé mon enfance. A cette époque, je n’arrêtais pas de bricoler dans mon coin et tout le monde disait que j’allais devenir ingénieur. Au point que c’est devenu une évidence. Je me suis inscrit dans une fac pour accomplir ce destin tracé d’ingénieur et, au bout d’une semaine de cours, j’ai flippé et je me suis tiré. A la même période, un copain fasciné par Tarantino faisait tout le temps des courts métrages avec sa petite caméra et me demandait souvent de l’aider. C’est là que l’idée a jailli dans mon esprit : je veux faire des films. Je n’avais pas la moindre idée de ce que le mot réalisateur voula