Leurs visages vous hantent longtemps. Celui de Serge, petite fourmi toujours occupée à briquer les locaux du centre de détention administrative de Frambois, à Genève, où il est interné. Celui de Wandifa, qui écrit des textes sur le thème de la migration et de l’incarcération et les chante devant la caméra. Celui d’un autre détenu qui sanglote après que cinq de ses camarades ont été expulsés.
Pendant neuf mois, le documentariste Fernand Melgar s'est immergé dans ce centre d'expulsion de sans-papiers, l'un des 28 que compte la Suisse (contre 27 en France). Les déboutés de la demande d'asile peuvent y être incarcérés jusqu'à dix-huit mois (contre quarante-cinq jours en dans les centres français). Autre différence, ces étrangers sont détenus en vertu d'une décision administrative non confirmée par un juge, alors qu'en France, la décision est soumise à l'appréciation d'un magistrat administratif et le placement en rétention d'un juge judiciaire. Pendant la durée du documentaire, le spectateur circule à l'intérieur du centre, entre la cour, où les détenus s'aèrent et jouent au foot, la salle commune et les cellules, avec quelques incursions dans des fourgons de police et à l'aéroport international de Genève. Les autres figures centrales du film sont celles de Jean-Michel Claude, le directeur du centre, et de Denis, gardien, tous deux quinquagénaires, corpulents ; débonnaires et tellement soucieux, apparemment, du bien-être matériel et moral des détenus. Fernand Melgar a ch