Dans les vieilles maisons comme Libération, il existe une documentation papier. Des milliers de feuilles et d’articles découpés, rangés dans des dossiers suspendus d’un orange discutable qui témoigne des origines très seventies du dispositif. Dans la section cinéma (septième étage, porte en verre en face des toilettes homme), le dossier consacré à Francis Ford Coppola est l’un des plus volumineux. Trois bons kilos de papier où il est évidemment question de ses films, des tournages dantesques appartenant à la légende, des affaires prospères que le cinéaste a mises en œuvre dans le commerce du vin et la gestion d’hôtels, mais aussi d’une tragédie. La mort accidentelle de son fils aîné, Giancarlo, en 1986, dans un accident de bateau au large d’Annapolis au Maryland.

Le jeune homme, à bord d'un hors-bord, avait heurté de plein fouet une corde tendue entre deux bateaux. Si le cinéaste s'est toujours montré plutôt pudique sur cette affaire, il en a fait l'un des points centraux de son nouveau film, Twixt. «J'ai fait le film avec ma petite-fille, Gia, la fille de Giancarlo qu'elle n'a jamais connu. Le lien était presqu'une évidence et, sur le tournage, on s'est beaucoup amusés. Je ne sais pas à quel point un artiste peut mettre en scène la vérité et, quand je construis cette scène reproduisant la mort de mon fils, je ne suis pas très à l'aise, mais je sentais que c'était le moment d'évoquer des questions qui ne m'ont pas quitté depuis l'accident. Quand ça