Lorsqu'on lui demande si elle croit que l'Amour et rien d'autre marquera un tournant significatif dans sa carrière, Sandra Hüller répond par l'affirmative, mais pas pour les motifs escomptés. Certes, elle s'avoue sensible à la petite avalanche de superlatifs critiques qui saluent sa performance, ainsi qu'aux quelques prix glanés dans des festivals dont elle ignorait l'existence (Valenciennes, Saint-Jean-de-Luz, Cinéma européen en Essonne), mais surtout, l'actrice allemande perçoit à travers son personnage de Martha la possibilité de nouveaux horizons : «J'ai d'autant plus aimé participer à ce film qu'il comporte une forme de légèreté… Du moins comparé à ce que j'avais joué jusqu'à présent. Ce rôle m'a comblée, car il m'a enfin permis d'abandonner l'idée que le métier d'acteur devait reposer sur une douloureuse dimension cathartique.»
Devant la perplexité de son interlocuteur se remémorant telle scène face à un croque-mort ou un médecin légiste, Sandra Hüller développe dans la foulée le processus créatif qui a entouré sa collaboration avec le cinéaste néophyte Jan Schomburg : «Nous avons beaucoup discuté en amont. Le travail de préparation et de répétition a été intensif et nous savions, à partir d'un sujet aussi dramatique, que nous ne voulions pas de quelque chose de trop plombé, mais au contraire, d'une forme de clarté, au milieu des zones d'ombre. Car, malgré l'aspect mystérieux du sujet, notre but n'était pas non plus de chercher à tout expliquer.»