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Critique

«Viva Riva!», Tintouin au Congo

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Rage . Djo Munga signe un polar moite dans un Kinshasa de trafics et de débrouille, premier film pionnier dans un pays sans cinéma.
«Viva Riva» de Djo Munga. (DR)
publié le 17 avril 2012 à 22h46

En septembre 2010 sortait Benda Bilili ! un documentaire retraçant l'ascension du groupe de musiciens handicapés du même nom depuis les taudis de Kinshasa jusqu'aux palaces de tournées internationales. 165 000 spectateurs français ont plongé dans le chaudron de la capitale congolaise aux 9 millions d'habitants et 450 ethnies, ville-monde à demi-détruite ressemblant à un Far West tropical.

Aujourd'hui on peut découvrir avec Viva Riva ! une fiction entièrement tournée à Kinshasa («Kin», pour les habitués) par un natif, Djo Tunda Wa Munga, 40 ans, lequel reprend le flambeau d'un cinéma congolais qui, exception faite de documentaires, n'avait plus rien donné depuis 1987 et le succès de la Vie est belle, une comédie cosignée par le Belge Benoit Lamy et le Congolais Ngangura Mweze. Il faut dire que dans cet intervalle d'une trentaine d'années, le cinéma n'a pas précisément été le premier souci d'un pays qui a connu la cleptocratie du régime de Mobutu puis le renversement du régime, la guerre et une transition démocratique marquées par des vagues de violences et de crises humanitaires se chiffrant en millions de mort : «Les pertes au Congo sont équivalentes à la mort, en une décennie, de la population entière du Danemark. Bien que la guerre du Congo se soit formellement achevée il y a cinq ans, les luttes en cours et la pauvreté continuent à se traduire par un bilan stupéfiant», pouvait-on lire dans un rapport de l'International Rescue Comittee da