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Critique

«Les vieux chats», âgé menu

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Chili . Confrontation crue et attendrissante avec la vieillesse comme miroir de notre futur.
«Les Vieux Chats» (DR)
publié le 24 avril 2012 à 19h07

Un film qui ne fait pas penser au cinéma, qu'est-ce que ça peut être ? Un livre, un drame, un tableau, une idée qui a pris chair ? Les Vieux Chats est sans manière, il fonctionne, ne ronronne pas - assis le regard fixe. Il écoute, plutôt, oreilles dressées et discrètes.

Un grand acteur, qu’est-ce que c’est ? Un corps qui n’oppose aucune résistance à la fiction, mais qui ne s’y prête pas non plus (ce serait du cabotinage), un corps qui se laisse traverser, non pas désemparé, mais au contraire totalement emparé. Ici, c’est la grande Bélgica Castro, gargouille dissymétrique de la fin de vie, dans le rôle d’Isidora, munie d’un mari bourru et d’une fille dégénérée qui veut la déposséder de son appartement.

Ascenseur. Mais présence d'abord. Car la tête de Bélgica Castro, 91 ans, fait peur, il faut bien le dire. On la voit et l'on se regarde : œil qui tombe, mains tachetées, la peau qui pend de tous côtés (nez et oreilles, particulièrement atteints, démesurés), chairs macérées, enflées, cadavre repêché de l'eau du temps. La vieillesse est une ombre du ponant, aux contours immenses et indécis. Isidora a les gestes de Bélgica, quand elle peine à se peigner, cherche des doigts un objet à côté de son emplacement réel, ne met plus un pied devant l'autre.

Ce sont nos gestes, déjà, légèrement amplifiés, tant il est vrai qu'on commence toujours à mourir jeune. Empire de la disjonction, qui avait fait écrire à Marguerite Duras, dans son ultime texte, avec ce sens de l