Scénario, image, son, montage, musique, Thomas Bardinet occupe tous les postes de travail de son film. Les raisons de cette omniprésence ne sont pas mégalomanes, mais économiques. On imagine que la masse salariale du film doit être réduite à une très simple expression et que ses notes de frais doivent plutôt émarger à la cafèt du Carrefour qu’au comptoir de Fauchon.
La bonne nouvelle, c'est que ce genre de raréfaction est aujourd'hui possible par les moyens techniques à disposition : caméra numérique, prise de son direct, montage assisté par ordinateur… La meilleure nouvelle, c'est que cette minceur des moyens, voire leur maigreur, n'est en aucun cas un argument du film ou un chantage à son excellence par la seule exhibition de sa misère. Petit film, comme on dirait Petit Poucet, Nino produit un gros effet. Car cette manière de faire équipe avec soi-même (et une poignée de jeunes acteurs) est un parti pris «politique» (le cinéma comme coopérative) qui induit une esthétique «engagée».
Sauvageonne. Seul et tous ensemble pour raconter un épisode de biographie loufoque consacré à Nino Ferrer, chanteur français qui, entre autres, «voulait être un Noir». L'admiration affirmée de Thomas Bardinet pour l'auteur du Téléfon mue en une fascination nettement plus générique. Nino n'est pas tant Ferrer qu'un parangon de jeune homme, le temps d'un bel été. Nino et ses petites amoureuses, Natacha, jeune théâtreuse de passage, fille des villes, et Nat