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Blanche comme neige

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publié le 27 avril 2012 à 19h06

Le bonheur, hélas, n’est pas à la portée de tout le monde. Pas tant à cause de nos névroses que par notre méconnaissance des bonnes manières de l’atteindre. Peut-être devrions-nous attribuer notre malheur à une telle ignorance de nos maladies, à celle des méthodes les plus simples pour éviter de perdre la santé. C’est pourquoi il est important d’apprendre aux enfants, dès leur plus jeune âge, les techniques du bonheur tout comme celles qu’ils doivent connaître pour marcher, parler, écrire et vivre en société.

C'est sur cette hypothèse qu'est construit Blanche-Neige, le célèbre conte des frères Grimm. A travers la lutte entre deux attitudes opposées face au destin, celle de Blanche-Neige et celle de sa méchante marâtre, ce conte nous met en garde contre une erreur fort répandue : celle consistant à chercher sciemment le bonheur. Le mauvais rôle revient à la marâtre jalouse, qui tente d'assassiner quatre fois Blanche-Neige pour continuer à être la plus belle. Or le grand drame de cette femme est d'avoir à se battre contre un être qui - outre fuir la mort comme un petit animal apeuré - ne se défend pas, ne combat pas et ne riposte jamais, mais qui réussit toujours à la vaincre par son extrême passivité. Et plus elle cherchera à lui faire du mal, plus la jeune fille s'en sortira. Ainsi, Blanche-Neige n'existe que comme l'incarnation d'un problème de la marâtre : la lutte contre ce qu'on ne peut pas maîtriser. Ceci explique sans doute le prénom de la jeune fille : il est