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Libération
Critique

«Miss Bala», drogue queen

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Cartels . Le Mexicain Gerardo Naranjo s’étend - un peu trop - sur la barbarie de la guerre de la drogue.
«Miss Bala» (DR)
publié le 1er mai 2012 à 19h06

De manière lancinante, l'image moderne du Mexique ne nous apparaît qu'au travers de deux questions désespérantes. La première, celle de l'exil massif des jeunes fuyant la misère, principalement vers les Etats-Unis, a fini par créer un genre cinématographique à part entière, et on ne compte plus le nombre de jeunes cinéastes qui s'y sont frottés sous toutes ses coutures. L'autre problème insoluble, plus discret sur les écrans mais largement aussi terrifiant, concerne le carnage méthodique auquel les populations les plus démunies sont soumises. Elles sont les victimes collatérales de l'affrontement sans fin que la police et l'armée livrent aux cartels de la drogue, quand ceux-ci n'essaient pas de se concurrencer à coups de rafales d'armes automatiques. C'est de cela que parle Miss Bala, glissant dans un coin de son générique que 35 000 personnes ont perdu la vie depuis 2006 dans cette guerre civile qui ne dit pas son nom.

L’héroïne du film de Gerardo Naranjo est une jeune et jolie fille dont l’imaginaire humble se borne à participer à l’élection d’une miss beauté de quartier. Pas très folichon, mais on a les rêves que l’on peut et, de toute façon, la fête de patronage est un paradis en comparaison du sort qui attend la malheureuse. Car Laura (Stephanie Sigman qui tient le film à bout de bras) n’a pas le temps de mettre le nez hors du modeste cocon familial qu’elle prend la foudre de plein fouet, sous forme de fusillade monstre dont elle sort indemne par miracle. La sui