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Libération
Critique

Vivement démence

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Calmants . Caouette filme sa mère âgée dans un road-trip aux accents psychédéliques.
«Walk Away Renée» (DR)
publié le 1er mai 2012 à 19h06

«Filmer et raconter sont devenus une façon de dissocier et de m'évader de ma vie.» Dans les notes accompagnant son film (in dossier de presse), Jonathan Caouette a l'air d'énoncer une banalité : filmer pour tenir à distance, se réfugier au cinéma pour oublier son existence. Sauf que son cas (le cas Caouette) est un cas singulier qui excède la banalité du propos.

En 2004, Tarnation, son premier film, nous avait déjà fait un impressionnant effet d'urgence (au sens Samu du terme) : pas le choix, bon qu'à ça, sinon, au mieux, l'HP. Sur le mode classique du road-movie, Walk Away Renée carbure à la même panique : Jonathan Caouette est-il fou quand il ne filme pas ou est-ce quand il filme qu'il devient fou ?

Folle du logis. Le voilà en effet montant à bord du bateau ivre, dont sa mère Renée Leblanc serait à la fois le capitaine et le soutier. Sur le pont de tous les dérèglements du comportement depuis qu'enfant elle fut soignée d'une chute sur le crâne par moult séances d'électrochocs. Mais exécutrice aussi de bien des basses œuvres. Son fils, Jonathan, la traîne autant qu'elle le tire, d'hôpitaux en maisons de repos, de déménagements en fugues.

C'est éprouvant, et le film ne cache pas que, parfois, son auteur-acteur principal a envie d'étrangler la folle du logis. Il n'est pas nécessaire d'avoir vécu avec un fou ou une dingue pour partager le film, mais ça aide. Cette mixture de chantage aux sentiments (une infection d'I love y