En 1922, Marlène Dietrich, 21 ans, pose pour une «réclame» d’articles de mode. On l’aperçoit en combinaison et bas de soie. Elle a tout de la jeune fille godiche, si ce n’est ce clin d’œil coquin qui pourrait inaugurer le début maladroit d’un démarrage dans la profession. Plus étonnant, en bas à gauche de la photo, est tamponnée la sévère mention «à retoucher». Le studio est même allé jusqu’à corriger à l’encre de Chine ce qu’il fallait rectifier : les genoux (ronds), la taille (épaisse) et les épaules (de déménageurs). Le visage n’est pas épargné : une croix sur la joue (rebondie), une autre juste sous l’œil (cerné).
Saut temporel. En 1939, Marlène a 38 ans. Cette fois, «tout est bon chez elle, il n'y a rien à jeter». Installée sur un praticable de studio dans un équilibre périlleux, elle réussit déjà à donner l'impression que la pose s'est prise d'instinct et en cinq secondes. Chaque membre contrarie l'autre, mais il y a pourtant une incroyable harmonie. Tout y est pour parfaire l'image idéale de la féminité. Justement, la photo sert à la promotion du film Femme ou Démon, de George Marshall. Ce n'est pas que tout ait été rogné, elle a au contraire gagné sur tous les tableaux avec générosité. Boucles sensuelles et blondeur éclairent le visage. Du coup, il est contrecarré par les fossettes qui indiquent qu'elle n'est pas tout à fait dupe de cette mise en scène de LA star.
L’œil, sinon le regard, s’est agrandi : le sourcil trace un arc-en-ciel jusqu’aux tempes. Un trai