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Critique

Audiard en contrôle continu

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Avec «De rouille et d’os», romance atrophiée, le cinéaste français signe un film obsédé par le chef-d’œuvre.
Marion Cotillard et Matthias Schoenaerts dans «De Rouille et d'os». (DR)
publié le 16 mai 2012 à 21h36
(mis à jour le 17 mai 2012 à 11h50)

Tout est bien dans De rouille et d'os, sauf cette petite faute de goût qui ternit tout : c'est un chef-d'œuvre. C'est du moins dans cet esprit qu'il a été conçu et c'est naturellement cet esprit qui l'empêche de l'être. Sinon, tout est bien. Le décor naturel par exemple : la Côte d'Azur, banale et moche comme en vrai. Les personnages aussi : Ali et Stéphanie, un beau gars aux franges de la zone et une belle jeune femme, a priori sans histoire.

Il est père célibataire, débarque du Nord avec son fils de 5 ans, se fait héberger par sa sœur et subsiste en faisant le gorille de boîte de nuit ou en jouant sa peau dans des combats clandestins. Elle semble au contraire bien insérée socialement avec un petit copain très commun et un job qui ne l’est pas : dresseuse d’orques au Marineland d’Antibes, jusqu’au jour où l’un de ces monstres marins lui sectionne les jambes.

Dans ces rôles, les acteurs Marion Cotillard et Matthias Schoenaerts sont tout à fait irréprochables : leur adéquation aux personnages n’a de comparable que leur adéquation en tant que couple magnifiquement dépareillé, dont l’union reste entièrement à construire et ce chantier est d’ailleurs le seul vrai chemin du film.

Amniotique. L'histoire commune de Stéphanie et Ali, qui ne commence réellement qu'après le drame de l'amputation, leur contact affectif, leur liaison sexuelle ambivalente, à la fois tendre, triviale et contractuelle, forment un récit lui aussi expertement troussé. A grande vitesse,