D'habitude, chez Wes Anderson, ce sont les adultes qui jouent aux enfants (Darjeeling Limited), ou qui du moins restent enfants (The Royal Tenenbaums). Normal, ils ont des problèmes avec leurs parents.
Dans Moonrise Kingdom, ce sont les enfants qui jouent des rôles d'adultes, de cinéma adulte hollywoodien, avec toutes les mimiques obligatoires du genre, et qui dénoncent du coup, par leur maladresse, l'artificialité de ce cinéma.
Evidemment, on pourrait toujours citer la phrase de Rossellini sur l'âge mental du cinéma industriel : il doit être compris par quelqu'un de douze ans. Et se demander si «enfant» et «adulte» ne sont pas du coup des concepts inopérants pour Hollywood.
Vintage de l'innocence
Mais aucun discours de cette sorte chez Wes Anderson, même si Moonrise Kingdom se paye le luxe d'être interdit au moins de 13 ans aux States tout en mettant en scène des héros de... 12 ans.
A défaut d'enfants à l'écran, son univers est de toute façon celui de l'origine, du début, et de leur nostalgie. C'est toujours vintage : aucune histoire ne se passe ailleurs que dans des années 50 ou 60 fantasmées, c'est-à-dire «avant», quand on était plus jeune, quand l'adolescence était celle de James Dean.
Si c'est l'enfance, il y a donc des jeux, des règles, des poulies, des mécanismes et aussi des voyages et des aventures: on part en train, en souterrain ou en bateau, avec des travell