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Libération
Critique

Largués, les barbares

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Galère . Alejandro Fadel suit l’errance d’adolescents condamnés à l’exil social.
«Los Salvajes», road-movie sans route. (© Cesar Roldan)
publié le 17 mai 2012 à 21h46

De sauvageons, ils deviennent des sauvages. Les cinq adolescents qui s’évadent d’un centre pour délinquants au fin fond de l’Argentine n’ont pas vraiment le choix : ils doivent, faute de mieux, disparaître dans la nature hostile pour survivre. Commence alors pour ces quatre garçons et cette fille une sorte de road-movie sans route, sans but - hormis celui de rester en vie sans savoir pourquoi - au milieu de forêts épaisses peuplées d’animaux pas commodes, de landes écrasées de soleil et de rares vestiges en lambeaux d’une civilisation agonisante. Un périple rugueux durant lequel ils doivent inventer leurs propres rites, faire l’apprentissage de l’amour, de l’amitié et de la fraternité sans avoir la moindre idée de ce que cela peut bien vouloir signifier. Et leur échec est total.

Conditionnés par leur jeune existence de «nuisibles», ces ados font, tout au long de ce voyage qui les mène vers leur fin inéluctable, la démonstration cruelle que tout leur est interdit et qu’ils ne sont aptes à rien. Rien, sauf à reproduire invariablement le schéma nihiliste qui les a chassés à tout jamais du monde que d’autres qu’eux qualifient encore de civilisé.

Cabossés. Quand il était scénariste pour Pablo Trapero (Leonera, Carancho), Alejandro Fadel semblait tourmenté par la violence avec laquelle la société rejetait, sans possibilité de retour, les individus incapables de se fondre en son sein. Avec Los Salvajes, il poursuit cette réflexion jusqu'à cette fabl