The We and the I : le titre du nouveau film de Michel Gondry semble suggérer a priori qu'il sera le récit d'une coexistence entre le collectif et l'individuel, le nous et le je. Son aventure est heureusement d'une autre qualité. Subjuguant cette dialectique rebattue, il instille que, selon la formule définitivement gravée au fronton de la poésie par Rimbaud, «je est (toujours) un autre».
Le dispositif est aussi simple qu’une bonne idée. Le dernier jour de leur année scolaire, les jeunes élèves d’une école du Bronx, à New York, prennent le même bus pour un ultime parcours ensemble avant les vacances d’été. On grimpe dans le film comme ces ados montent à bord : en chahutant, se bousculant, se disputant les places assises et pour les caïds officiels, la banquette du fond. Tout de suite, c’est un festival de vannes plutôt amusantes, où tout le monde chambre tout le monde, une sorte d’olympiade du bon mot qui tue dans un argot new-yorkais difficile à suivre en version originale, et pas plus aisé à piger en VF, les sous-titres ramant un brin à la poursuite de l’argot - pour lui trouver en français des équivalences honorables.
Perruque. On est embarqué comme un passager clandestin, voyeur et auditeur privilégié de ce pandémonium où la cruauté, la loi des plus forts sur les plus faibles, semblent les seuls motifs de fédération, de mal commun. Dans le rôle du souffre-douleur officiel, une grosse gamine noire qui il est vrai ne fait rien pour ne pas êt