Difficile de ne pas sortir d'Après la bataille complètement lessivé, rincé, par le flot de paroles qui se déversent tel un Nil rhétorique débordant et noyant l'action dans un bain de mots. C'est étrange d'ailleurs parce qu'à un moment donné, dans une scène d'altercation, le héros, Mahmoud, cavalier du quartier des Pyramides, n'en pouvant plus de s'entendre faire la leçon par Reem - l'Egyptienne des beaux quartiers de Zamalek et activiste politique à la langue bien pendue -, veut la faire taire en lui disant : «Paroles, paroles…» mais lui-même alors déverse toute son amertume en tirades rageuses.
Le film de Yousry Nasrallah ne peut pas se comparer au modèle qu'il se donne (rien moins que le Rossellini de Rome, Ville ouverte et de Païsa), il ne décolle jamais vraiment parce que précisément il s'efforce de coller au présent d'une Egypte en proie à toutes les tensions du remue-ménage révolutionnaire. Rossellini traverse les décombres de l'Histoire avec l'érudition de l'archiviste qui a tout lu, tout compris, et l'œil de l'architecte reconstructeur. Nasrallah a retenu du néoréalisme la leçon d'une forme ouverte qui ne cherche pas à arrondir les angles ou à polir la forme au-delà de ce que requiert la brutalité d'événements toujours en cours.
Chameliers. Ce qu'il y a de beau néanmoins dans le film, c'est précisément la fantastique hétérogéné