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Trompées jusqu’aux os

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Le Chinois Lou Ye livre une satire à tiroirs emberlificotée.
«Mystery» de Lou Ye.
publié le 17 mai 2012 à 21h46

L'incessant tremblé de la caméra est toujours le même, cette manière insidieuse de saisir l'image vitreuse des personnages dans les espaces les plus confinés aussi. Depuis l'inégal Nuits d'ivresse printanière (2009), Lou Ye est sorti de la clandestinité dans laquelle l'avait plongé une interdiction de tournage de cinq ans ordonnée par Pékin, mais il continue pourtant de filmer à la dérobée, comme s'il était encore traqué. Ça ne marche pas à Cannes qui, à présent qu'il est rendu à une dissidence de deuxième classe, lui fait redescendre une marche, de l'ouverture de la compète voilà trois ans à celle d'Un certain regard. Cela tombe bien, tant Lou Ye a toujours fait figure à nos yeux de second couteau industrieux et surcoté du cinéma indé. Mystery ne bouleverse guère plus cette idée que l'on se fait de son talent qu'il ne devrait transporter les cinéflics pékinois d'exaltation. C'est une satire sociale emballée dans un thriller bancal à tiroirs.

A Wuhan, mégalopole accablée par les averses, une jeune femme est tuée nette par le cabriolet vrombissant de jeunes crétins friqués, pas effleurés par la culpabilité, qui hurlent à «l'arnaque à l'accident». En marge de ce fait divers routier qui camoufle un meurtre, une femme se prélasse dans l'ennui domestique, persuadée que l'on «devient bête après avoir accouché», jusqu'à ce qu'elle découvre que son mari, non content de jouir pleinement de l'embourgeoisement canon enregistré par une certaine classe moyenne,