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Critique

C’est pas l’amour à la plage

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Les critiques du Festival de Cannes 2012dossier
Les motifs récurrents de Seidl, transposés au Kenya.
publié le 18 mai 2012 à 20h46
(mis à jour le 19 mai 2012 à 10h55)

Une Autrichienne blonde et obèse, Teresa (Margarethe Tiesel), vivant seule avec sa fille ado, part pour la première fois au Kenya. Elle n'a pas un fort désir de découverte de la savane, elle vient pour rencontrer des hommes, ces beach boys qui vendent des amulettes sur la plage et qui sont en fait des gigolos. Ulrich Seidl a réalisé plusieurs films documentaires (Good News, Animal Love, Jesus you Know…) avant de passer à la fiction avec Dog Days (2001) et surtout Import/Export (en compétition à Cannes en 2007). La violence, la prostitution, la coexistence absurde de corps désirables et de pulsions laides sont les motifs récurrents d'un univers qui a le don d'horripiler bon nombre de spectateurs jugeant Seidl au mieux complaisant, au pire cynique, voire carrément infect.

Il est probable que l'on ne tienne pas là en effet un champion de la morale ni un héros de la délicatesse. Le cinéma de Seidl cherche plutôt à se rendre insensible aux situations extrêmes qu'il provoque, y compris du strict point de vue climatique : Import/Export avait été tourné par -25°C en Ukraine, Paradis : amour rôtit sous le cagnard africain. Seidl avait d'abord imaginé raconter trois histoires de femmes en un seul film. Un premier montage brassant trois récits avait abouti à un film de plus de 5 heures. Finalement, Seidl a pris la décision de réaliser à partir du matériel tourné non pas un mais trois longs métrages Celui qui est présenté à Cannes est donc le