Le cinéma de Darejan Omirbaev, apparu avec l'inoubliable Kairat, se reconnaît en quelques plans : une figure systématique de jeune homme solitaire, une rigueur scénographique bressonienne, des cadres qui sont le plus souvent des portraits, un léger parfum de Nouvelle Vague dans les situations et leur traitement, et un très bel art de la durée.
Défi. The Student, adapté de Crime et Châtiment, de Dostoïevski, ne déroge pas à ces critères, au risque de donner le sentiment qu'Omirbaev réalise toujours à peu près le même film… Mais combien de fois Monet a-t-il peint la même cathédrale ? Omirbaev n'est ni Bresson ni Monet, mais c'est un candidat valable pour le titre de Truffaut du Kazakhstan, la volubilité en moins. Depuis une vingtaine d'années, le cinéaste et ses films sont les meilleurs témoins de l'implacable transformation de ce pays, dont les mœurs anciennes et civilisées s'adaptent difficilement à la férocité de l'économie libérale qui le gouverne désormais.
C'est explicitement le sujet de The Student, qui observe un jeune homme désargenté dans une grande ville anonyme. Un étudiant sans charisme ni qualités, qui porte de grosses lunettes, chausse de fausses Adidas et regarde les filles avec un air de moineau ahuri. En silence, cet homme sonde son âme : est-il capable de commettre un crime ? Pas tellement pour l'agent, mais pour le défi moral auquel il soumettrait ainsi sa conscience. Tempête éthique et politique sous un cr