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Critique à l'oeil

«Laurence Anyways» : une femme n'est pas une femme

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Les critiques du Festival de Cannes 2012dossier
Pour son troisième film, Xavier Dolan soulève non pas sa robe mais la question du genre.
Cherchez la femme : dans le bijou, le fond de teint ou les cheveux ? (MK2)
publié le 18 mai 2012 à 15h28
(mis à jour le 19 mai 2012 à 11h08)

C'est l'histoire de Laurence, 30 ans (Melvil Poupaud), qui vit avec sa copine Fred (l'excellente Suzanne Clément) et qui s'aperçoit qu'il est une femme. Ontologiquement, en quelque sorte. Une femme née dans un corps d'homme. Mais il n'est pas homosexuel, comme il l'explique. Il n'aime pas les hommes. Plus tard, après Fred, il aura une autre petite copine.

Ce n'est donc pas le choix de l'objet sexuel qui fait la femme (on s'en serait douté). Mais quoi alors ? Les seins, le vagin ? Les boucles d'oreilles ? Plusieurs plaisanteries circulent au long du film sur le fait que Laurence a gardé ses testicules. Donc, ce ne sont pas les organes génitaux qui font le genre. C'était aussi l'avis de Buck Angel, dit «l'homme qui avait une chatte», qu'on avait portraituré il y a quatre ans.

La rombière et le signifiant

Si ce n'est le sexe lui-même, ce sont peut-être les signes sexuels secondaires. Laurence prend des hormones, se laisse pousser les cheveux, porte des robes. De fait, il n'est pas en femme, il est plutôt en femme qui se prend pour une femme. Ce qui fait la femme, si l'on comprend bien, c'est vouloir l'être. Le signifiant, l'emballage. En 1929, la psychanalyste Joan Rivi