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Critique

Le clou du spectral

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Les critiques du Festival de Cannes 2012dossier
Le palmé d’or Apichatpong Weerasethakul revient avec «Mekong Hotel», objet non identifié.
publié le 18 mai 2012 à 20h56
(mis à jour le 20 mai 2012 à 12h34)

Le premier signe de vie post-palme d'Apichatpong «Joe» Weerasethakul après l'hypernova Uncle Boonmee (2010) s'est inséré dans la marge de la Sélection officielle, cerné de curiosité et de questions. Annoncé en interlude mineur, Mekong Hotel est-il une de ces récréations plasticiennes auxquelles le cinéaste a pris l'habitude de s'adonner, en guise de cartes postales vidéo envoyées entre deux films ? Non.

Guitare. Son projet de tourner avec la présidente-fondatrice de son fan-club écossais, Tilda Swinton ? Une divagation documentaire autour du fleuve qui borde la frontière de la Thaïlande et du Laos ? Guère plus. Sans répondre aux interrogations liminaires, Weerasethakul lui-même surgit doucement au seuil du film, alangui sur une terrasse d'hôtel le long de laquelle le Mekong en crue fait son lit imposant, attentif au chant heurté de la guitare d'un ami qui se lamente d'avoir oublié sa propre mélodie.

Le film glisse sur le miel de ces accords majeurs dont il est tapissé de tout son long, jusqu'à l'éreintement - au bout d'une l'heure, on voudrait se lever en vociférant de tirer sur le guitariste, on se refrène parce que le film n'en est pas moins beau. Puis, par un entrelacs de plans limpides qui visent à épuiser l'espace de l'hôtel comme la bande-son sa litanie, Mekong Hotel dérive vers un récit forcément musical, hybride et troué, qui collige et recompose l'écheveau de l'œuvre de Joe sans rien y insinuer de véritablement neuf, entre e