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Critique

«Les Bêtes du Sud sauvage», boueux de sauvetage

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Les critiques du Festival de Cannes 2012dossier
Balade chamanique déglinguée aux abords du Mississippi.
publié le 18 mai 2012 à 20h46
(mis à jour le 19 mai 2012 à 10h55)

La très jeune (6 ans) héroïne du premier film de l’Américain Benh Zeitlin a un nom de chien : Hushpuppy. De fait, elle se comporte comme un chiot fou, petite sauvageonne du delta du Mississippi, qui survit avec Wink, son père cabossé et cardiaque, dans un bricolage de baraquements fragiles. Pourtant on dirait le paradis. Sous les yeux et dans la tête de l’enfant, il n’est question que d’écouter les pulsions du monde, à l’unisson d’une basse-cour foutraque, ou de brancher sa rallonge sur la prise des éléments (eau, terre, feu, air) qui lui chuchotent des nouvelles de sa mère disparue.

Par analogie géographique - le delta du Mississippi - et par amour du cinéma, on songe au magnifique Louisiana Story, le dernier film de Robert Flaherty (1948) qui avait bâti son récit à hauteur d'un jeune garçon des marais perturbé par l'irruption d'une plateforme de forage pétrolier. Beautés naturelles, entraide entre pauvres gens, apprentissage par les coups durs, conflit homme-nature. Ce sont les mêmes thèmes retrouvés mais jetés dans une nouvelle ciné-brasserie, nettement plus contemporaine, fiévreuse et comme alcoolisé.

Aurochs. Aujourd'hui même, sauf à être atteint de gâtisme, il n'est plus question de rêver ou de divaguer. Le monde court à sa perte, et dans ce Sud sauvage, un peu plus qu'ailleurs, où les catastrophes dites naturelles (réchauffement, montée des eaux) sont surtout un raz de marée de merdes humaines.

A l’aune de ce programme apocalyptique et pour cont