C'est l'histoire d'un architecte qui emmène son vieux maître visiter un bâtiment qu'il vient d'achever. L'architecte est Norman Foster, il a une petite quarantaine et déjà quelques réalisations remarquées à son actif. Le vieux maître est Buckminster Fuller, un ingénieur américain que les commentateurs les plus polis qualifient de génie excentrique et les autres de farfelu. Nous sommes en Grande-Bretagne, à Norwich, en 1978. La construction est le Sainsbury Centre for visual arts, un musée d'art moderne. Les voilà qui font le tour de l'édifice, à pied. Tout à coup, Fuller se tourne vers Foster et lui demande: «Norman, combien pèse ton bâtiment?» Norman, naturellement, n'en sait rien. Quelques semaines de calculs plus tard, il a la réponse: 5328 tonnes. Qui se trouvent essentiellement dans le béton des fondations.
Pour Foster, l'étrange question amène une révélation: «J'ai compris tout ce qu'on perdait dans la partie la moins attractive du bâtiment». Fuller pense qu'on peut bâtir des structures solides sans gaspiller la ressource des matériaux. Foster désormais aussi. Voilà pourquoi le film que lui consacrent Norberto Lopez Amado et Carlos Carcas porte en titre original la question de Fuller. Combien pèse votre bâtiment, M. Foster? Le moins possible, toujours. Il faut être léger. Parce qu'alors, on peut être fin et aérien. Et si tout se passe bien, offrir aux gens de l'émotion et du plaisir. Norman Foster, 77 ans, a rempli ce programme. Sans trop en r