Ils lancent des «wouh» et des «yeah», font des V avec leurs doigts, s'enlacent, se bousculent, se tirent par les épaules, rient, font des têtes folles pour faire plaisir aux photographes. Ils disent que tout ça, «regarde, regarde, j'y crois pas», qu'ils n'en auraient jamais imaginé le quart. Quitter les Etats-Unis - «personne n'a jamais pris l'avion dans nos familles» -, atterrir à Cannes, se voir projetés sur écran géant, s'entendre applaudis.
A leur arrivée, à l’aéroport, un homme les attendait avec leurs noms sur une pancarte. Ils l’ont filmé avec leurs portables, pour avoir une preuve. Ils ont 20 ans, habitent le quartier sud du Bronx, à New York.
Fast-food. En 2009, Michael, Raymond, Jonathan, Gillian, Brandon, Laidy, Alex se sont inscrits, «pour voir», à un atelier de théâtre proposé une association du coin. L'idée : participer à un film du réalisateur français Michel Gondry. Trois ans plus tard, leurs ateliers du jeudi et vendredi soir sont devenus The We and the I, projeté jeudi en ouverture de la Quinzaine de réalisateurs. On leur demande ce que ça leur évoquait à l'époque, la France, un réalisateur français… La réponse fuse : «Peu importe ! Que Michel soit un réalisateur français, italien ou mexicain… Du moment qu'on te propose un but ! Tu réalises : un but !»
Certains ont pourtant failli abandonner, lorsque