Menu
Libération
festival

Voir Naples et fou rire

Article réservé aux abonnés
Les critiques du Festival de Cannes 2012dossier
Matteo Garrone ressuscite la comédie italienne en épinglant la télé-réalité.
publié le 18 mai 2012 à 20h06
(mis à jour le 19 mai 2012 à 10h54)

C’est un carrosse doré au toit nacré et aux fauteuils rouges, tiré par deux chevaux blancs emplumés. L’équipage sent le toc à 200 mètres, à peu près l’altitude de ce plan aérien inaugural qui montre la bonne ville de Naples, ses embouteillages, sa pollution et ses quartiers pittoresques traversés par ce véhicule de carnaval. Par un curieux effet abrutissant, l’objet dégoulinant de mauvais goût verrouille le regard, mais l’illusion s’estompe aussi vite qu’elle a surgi.

A l'intérieur du carrosse, un couple de mariés débarque dans un château à la Disneyland où, comme des dizaines d'autres, ils s'apprêtent à célébrer leurs noces. Rien ne manque : les loufiats en livrée, le lâcher de colombes, la pluie de confettis dorés et la photo de groupe devant une fausse cascade aux rochers de béton. Tout est frelaté, même le clou de la soirée, l'apparition éclair d'une fausse star qui distribue baisers et autographes à l'assemblée. L'unique fait d'armes du guignol : être arrivé en finale de Grande Fratello, la plus populaire émission de télé-réalité d'Italie.

Tatoué. Matteo Garrone, en trois plans séquences, donne le ton de sa comédie grinçante. Il ne sera question que de cela dans Reality : les faux-semblants, la poudre aux yeux et surtout la désolante et cruelle certitude de chaque individu à croire que la gloire est à portée de main. Son héros, Luciano, est un brave type un peu faible d'esprit que ces rêves de célébrité vont faire basculer dans une folie