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Critique

«Augustine», hosto biographie

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Les critiques du Festival de Cannes 2012dossier
PSY . Première œuvre radicale sur le professeur Charcot et son cobaye.
par
publié le 20 mai 2012 à 20h26

Quand on découvre le personnage d'Augustine, il est réduit à sa seule fonction : une jeune domestique chez des bourgeois parisiens à la fin du XIXe siècle, esclave préposée au service des dîners mondains. Mais, juste avant que le film se focalise sur les gestes et les détails de cette tâche, il s'ouvre, à l'office, par un face-à-face entre Augustine et un grand chaudron où la cuisinière vient d'ébouillanter une palanquée d'araignées de mer. Qu'on entendrait presque crier à ce supplice. Ce qui paraît plus certain, c'est qu'Augustine, elle, s'inquiète du sort des crustacés, s'obsède du massacre, se sent mal et finira par défaillir au moment de les servir à table. C'est une crise, qui la tétanise sur le plancher, arc-boute son corps. Elle en émergera avec une paupière fermée par une paralysie subite.

«Danger». Borgne donc, mais surtout hystérique. Le mot est lâché au moment où il prend consistance dans le vocabulaire médical autour des travaux du professeur Charcot à l'hôpital parisien de la Salpêtrière. On sait que c'est à cette époque que se dessinent des qualifications réductrices qui, pour beaucoup, seront reprises par la psychanalyse, Freud en tête, et qui perdurent aujourd'hui : on est soit un homme soit une femme, et si on est femme, on est ontologiquement menacée par le «danger» de l'hystérie.

Michel Foucault, à ce sujet, a écrit, pointant les expériences de Charcot comme date clé d'une intrusion du médical dans l'intimité des corps et, partant