Une ribambelle de films et de séries ont daté la naissance de la nation moderne américaine à l'époque de la Prohibition. Le plus récent et spectaculaire exemple en est Boardwalk Empire, série au budget pharaonique lancée par Martin Scorsese sur la chaîne HBO. Il faut dire qu'entre la prospérité du crime organisé, l'épidémie de corruption à tous les échelons de la société et les innombrables plaies ouvertes par la crise de 1929, le contexte se prête à merveille à l'épopée picaresque et, tant qu'à faire, à une allusion aux sources des maux modernes.
Or, c'est l'une des faiblesses de Lawless qui, affairé à reconstituer le moindre détail des années 30, ne présente guère plus qu'un point de vue d'antiquaire amateur de baston sur cette douce période. Le scénario, de Nick Cave, déjà auteur pour John Hillcoat à deux reprises (The Proposition et Ghosts… of the Civil Dead), s'attache à ressusciter le parcours chaotique, et paraît-il authentique, de trois bouseux trafiquants d'alcool en Virginie aux temps où les collines de cet Etat verdoyant ressemblaient, la nuit, à des sapins de Noël tant les alambics y étaient abondants. C'est d'ailleurs la plus jolie scène du film.
Pour le reste, l'affaire tourne autour d'une guerre opposant un ignoble homme de main du procureur local (Guy Pearce, en sadique ridicule) à la fratrie productrice d'un poison dont le taux d'alcoolémie aurait fait reculer de trois pas Françoise Verny. A intervalles réguliers, la monoton