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Libération
Critique

God save the gouine

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Les critiques du Festival de Cannes 2012dossier
Film académique du Roumain Cristian Mungiu, palmé en 2007.
publié le 20 mai 2012 à 20h26

De la reconnaissance internationale d'un renouveau du cinéma roumain, on soupçonnait dès son parachèvement avec la palme d'or pour 4 mois, 3 semaines, 2 jours (2007), de Cristian Mungiu, qu'elle se fondait sur un de ces malentendus que fomentent les festivals. Ainsi réduits à une école quand leurs films étaient si dissemblables, les cinéastes se clamaient floués par l'appellation nouvelle vague, et parmi ses plus solides fers de lance, Cannes s'était choisi pour héros celui dont le brio semblait alors déjà le moins sûr.

Cette équivoque éclate aujourd'hui, alors que Mungiu revient en compétition avec Au-delà des collines, un troisième film dont la forme poseuse, la durée fleuve et le sujet sentencieux disent combien il se conçoit en chef-d'œuvre de l'AOC roumaine, quand il n'en est que la caricature grandiloquente.

Le film et le précédent relatent au fond à peu près la même histoire : une femme s’escrime à en sauver une autre, en un lieu et un temps si sombres que l’énergie déployée n’en paraît que plus absurde. Ici, un gourbi bigot entre le couvent de campagne et le squat sectaire, cornaqué par un pope inquiétant. L’une des pensionnaires reçoit la visite d’une amie, qui semble l’aimer plus encore que l’autre n’aime son dieu, et qui voudrait l’exfiltrer. Le sauvetage vire à l’exorcisme orthodoxe de l’impie crypto-gouine, long calvaire qui est celui du film autant que du personnage.

Si Mungiu démontre une nouvelle fois son talent de directeur de troupe (ses actr