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Critique

Homme à femme

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Les critiques du Festival de Cannes 2012dossier
Xavier Dolan filme une histoire d’amour irradiante et pose la question du genre.
«Laurence Anyways» de Xavier Dolan avec Melvil Poupaud. (DR)
publié le 20 mai 2012 à 21h16

On a eu tort de s'inquiéter pour Xavier Dolan. Jeune homme pressé et très sûr de la brillance de son style, éclos à Cannes à 20 ans avec J'ai tué ma mère en 2009, puis confirmé dans sa vocation à squatter le Festival avec les Amours imaginaires l'année suivante, le jeune Québécois est allé vite, si vite que l'on a pu redouter que ne se dissipe ou se carbonise, avant d'arriver à maturité, le charme inoculé par de séduisants, quoiqu'inégaux débuts.

Tout de samples Nouvelle Vague infusés dans l’écho des cinémas d’Almodóvar et de Wong Kar-wai, ses deux premiers films se montraient, sous le glacis de la stylisation, plus conventionnels qu’ils ne voulaient bien se l’avouer. Surtout, ils paraissaient parfois peiner, à force de scènes greffées ou redoublées, à faire tenir des scénarios de moyen métrage sur la durée standard d’un long.

Stupeur, c'est sur près de 2 h 40 que Dolan réalise avec Laurence Anyways son film le plus tenu et le plus beau, dont le pouvoir d'envoûtement emporte les scories dans la plasticité et la puissance d'un art tout en vignettes ambitieuses, l'état de violente liberté d'une forme qui s'éclate.

Surcadrages. Le récit ressassé en voix off de Laurence Anyways chemine sur le fil dentelé d'une décennie, du crépuscule des eighties néoromantiques à la veille de l'an 2000, pleine de promesses chimériques. Cela en fait, si l'on considère l'âge de son réalisateur né en 1989, un film d'époque. Un film en costu