Ça a commencé bizarrement. Par un attaché de presse qui nous demande si on aura du temps devant nous - «parce que Sabine aime prendre le temps de bien faire ses interviews». Dans un monde d'ego grand écran, où toute «personnalité», même la plus sympathique, a pour première préoccupation d'écourter au maximum votre entretien, la proposition stupéfait. Finalement, on convient d'un rendez-vous parisien précannois, «pour être sûrs d'avoir le temps». On y passe tout l'après-midi, jusqu'à la tombée de la nuit.
Sabine Azéma est enthousiaste, drôle, attentive, curieuse de l’autre, avide d’échanges, s’exclamant, s’interrogeant, rebondissant, faisant feu de tout bois. Ce n’est pas qu’on ne l’aimait pas avant le rendez-vous, mais, après, on l’aime vraiment beaucoup.
«Fête». Elle est à Cannes pour le film d'Alain Resnais, Vous n'avez encore rien vu, présenté ce soir en compétition - leur dixième ensemble, «une aventure inédite», corrige-t-elle en riant. C'est vrai que, sans trop dévoiler, il y a de l'expérimentation dans l'air, même si la trame, Eurydice, la pièce de Jean Anouilh, renvoie Sabine Azéma à ses premières émotions de comédienne. Elle a débuté en jouant Anouilh à la Comédie des Champs-Elysées, en 1974. Elle donnait alors la réplique à Louis de Funès.
Venir à Cannes, ça non plus ce n'est pas une première. «Mais je ne vais pas faire la blasée ! D'avoir été choisie, sur tant de films visionnés. De monter les marches