Voilà. On sort de la suite de Jean-Louis Trintignant. L'attachée de presse nous dit qu'on y est restée trois quarts d'heure. Elle ment. Cinq, dix minutes grand maximum. Le temps a disparu comme en hypnose. Trop de douceur. On ferme les yeux, on entend encore sa voix. Une des rares si faciles à convoquer, comme une musique favorite. D'abord les graves de l'attaque, puis la traîne, douce, un peu sucrée. La voix dit : «Ça ne m'amuse pas tant que ça d'être à Cannes, je fais ça pour faire plaisir à Haneke.» Elle le dit avec un sourire dans la bouche, un amusement dans les yeux. Comme lorsqu'elle dit, ensuite : «Je n'aime pas les photos.» Et Jean-Louis Trintignant, 81 ans, se lève, se déploie devant l'objectif, lance sa veste par terre, rit, fait le pitre pour le photographe.
Il raconte qu'il l'a été lui aussi, pour l'Express. C'était à la fin des années 50, au retour de son service militaire en Algérie. Il venait de tourner Et Dieu créa la femme, était amoureux fou de Brigitte Bardot. Et avait décidé qu'il ne voulait plus être comédien. La première d'une longue lignée de décisions similaires, heureusement toujours reniées.
«Content». Dans Amour, de Michael Haneke, il est Georges, mari épris d'Anne, sa femme, paralysée et malade. Cela faisait quatorze ans qu'il n'avait pas tourné. Menant une «vie de campagne» à Uzès (Gard), rev