Dans les dossiers de presse de Like Someone in Love d'Abbas Kiarostami, Marin Karmitz publie un assez long texte intitulé Ma rencontre avec Abbas. Le producteur-distributeur fondateur de MK2 se souvient de sa première rencontre avec l'iranien après Close-up (1990) : «Avec ce créateur dont je ne savais rien, j'ai eu un coup de foudre comme cela m'était déjà arrivé avec Samuel Beckett, Alain Resnais, Krzysztof Kieslowski ou Claude Chabrol.»
Puis, il raconte comment, devenu ami et producteur d'un artiste ayant entre-temps gagné une réputation internationale (palme d'or en 1997 pour le Goût de la cerise), mais ne trouvant pas l'argent nécessaire pour financer son film japonais, il a dû boucler le budget avec les moyens du bord : «J'ai pris une très belle éponge d'Yves Klein à laquelle je tenais beaucoup, et je l'ai confiée à Sotheby's qui l'a vendue aux enchères aux Etats-Unis. Avec l'argent de l'éponge, j'ai pu faire le film…» Le geste ne manque pas de panache et, en même temps, la phrase prête quand même à rire. «L'argent de l'éponge», devient soudain comme un titre de substitution remplaçant l'original, et il place Kiarostami dans la situation surprenante d'un artiste qui ne peut plus même sur son seul nom et son seul talent amasser des sommes suffisantes à la poursuite de son œuvre.
Ça rend d'autant plus mélancolique que pour ses plus grands films, tournés en Iran, tel Au travers des oliviers (1994). Kiaro