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Critique à l'oeil

Kiarostami au pays des belles endormies

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Les critiques du Festival de Cannes 2012dossier
Avec «Like someone in love», le réalisateur iranien ausculte un papy frustré et une call-girl larguée sur le mode aigre-drôle.
publié le 21 mai 2012 à 19h42
(mis à jour le 22 mai 2012 à 10h06)

C'est l'histoire d'un vieux professeur qui commande une call-girl par téléphone. La fille est en réalité étudiante en sociologie, se prostituant à regret. Ce soir-là, elle n'a pas envie, mais elle se laisse convaincre. Surtout que sa grand-mère est venue de la campagne la voir à Tokyo, pour une journée et qu'elle l'a laissée crever sur son répondeur. Elle se demande si elle ne devrait pas dîner avec elle. Finalement, elle part en taxi chez son client.

Derrière la vitre

Il y a une longue balade en voiture et des plans dont manque le contrechamp. A savoir, technique habituelle de Kiarostami : un personnage est cadré en plan fixe, au milieu de l'écran, et quelqu'un de l'autre côté (c'est-à-dire du nôtre) s'adresse à lui qu'on ne voit pas, pendant très longtemps.

Ainsi dans le Goût de la Cerise, palme d'or 1997.

Kiarostami a varié cette technique dans toute son oeuvre, montrant par exemple des femmes qui regardent un écran dans Shirin (2010) ou dans Where's my Romeo, fragment du film collectif Chacun son cinéma (2007).

Miracle, cela marche aussi si Isabelle Huppert s'adresse à un oeuf, c'est un plan de 52 secondes dans Lumière et compagnie (1995).

Mais, qu'il s'agisse d'un vrai pare-brise ou que ce soit l'écran même du cinéma qui se transforme en vitre (voir ici un court-métrage de 1972 de Kiarostami où la vitre est reine), l'effet est identique : il y