«Mon film est un boxeur borgne mais il a bon uppercut.» Rachid Djaïdani a le sens de la formule. Quand on lui parle au téléphone, il est encore sous le coup de l'accueil enthousiaste de son Rengaine autoproduit, présenté en avant-première à la Quinzaine des réalisateurs. Cette projection arrive après neuf ans de tournage et de montage en dehors des clous, avec des bouts de ficelle, sans scénario mais avec des idées très claires sur la nécessité de rester libre, de frapper juste.
Ostracisme. Rengaine est un film assez peu correct politiquement. On y voit, à Paris aujourd'hui, une jeune Arabe d'origine algérienne, Sabrina (Sabrina Hamida) qui sort depuis un an avec Dorcy (Stephane Soo Mongo), un Black qui voudrait devenir acteur. Ces deux-là s'aiment, veulent se marier. C'est encore sans compter sur la famille de Sabrina, en l'occurrence une fratrie menée par l'aîné Slimane (Slimane Dazi), un quadra buté et hargneux, qui ne conçoit pas que leur sœur prenne ainsi sa liberté, et d'autant moins pour épouser un «négro» même pas musulman.
Le film nous précipite dans le chaudron d'un racisme qui bouillonne au sein même des différentes communautés stigmatisées par la majorité blanche. Rengaine n'est pas un film de cité, ni un film rap, les gens qui défilent devant la caméra sont français, mais n'en demeurent pas moins enfermés dans tout un système de représentations accablant, où le marquage identitaire revient constamment d