Une des raisons qui motivent la présence régulière de films mexicains à Cannes et dans d’autres festivals tient au renouvellement perpétuel du thème de la frontière. Traversé, c’est le cas de le dire, par cette malédiction sociale qui voit chaque jour des centaines de candidats risquer leur vie ou la prison pour tenter leur chance aux Etats-Unis, le cinéma mexicain n’en finit plus d’offrir des variations autour de ce contexte, devenu un genre à part entière.
Orchestre. Ici et Là-bas est une nouvelle proposition, délicate et attachante, dans un registre intimiste et quasi documentaire. Ici, pas de frontière physique, pas de barbelés et de minutemen fachos. Pedro en a terminé avec tout cela quand il rentre chez lui, dans les montagnes du Guerrero, après plusieurs années passées à New York.
Comme il n’est ni artiste plasticien ni génie de la haute couture, le film laisse le soin d’imaginer quelle fut son existence de bête de somme là-bas. Or une nouvelle épreuve l’attend. Reconstruire un foyer que son absence, via l’envoi de mandats, a permis de mettre à l’abri de la misère, mais au sein duquel il est devenu un étranger. Sa femme ne parvient pas tout à fait à se débarrasser de la solitude qui fut son quotidien et ses filles ne l’ont pas attendu pour grandir. Avec des trésors de patience et d’affection, Pedro parvient, peu à peu, à apprivoiser ce petit monde et à entamer une vie décente grâce à l’argent de son exil. Il s’autorise même un luxe mic