Raymond Depardon photographie des fragments de provinces françaises, Claudine Nougaret retrouve des morceaux de films «dans la cave». L'un fouille, l'autre farfouille. Journal de France est un film en duo, au sens musical du terme. L'un fredonne, l'autre chantonne. Une seule image pourrait résumer leur ritournelle commune : dans un bled, le Café des amis, sous la neige. Une image mélancolique, requiem pour un pays de proximités en train de s'évanouir. Mais une image quand même, c'est-à-dire voulue et surtout cadrée.
Simplicité. Dans la partie du film qui suit Depardon dans son tour de France particulier, on apprend le discours de sa méthode : guetter évidemment, attendre bien sûr, mais surtout enlever du cadre, se débarrasser de tout ce qui ne doit pas y être (une voiture qui traverse, un passant qui n'en finit pas de passer). Une formidable leçon de simplicité dont on découvre qu'elle fut au fil du temps, (premiers travaux remarqués en 1960) travaillée par un souci permanent de lâcher les chevaux du désir tout en les domestiquant.
Démonstration dans un des premiers films de Depardon, tourné dans les rues de Paris. En plans-séquences, il file le train des inconnus, tangue, ballote, se laisse emporter par la foule comme dans la chanson de Piaf. Jusqu’à cet épatant point de fixation : une jolie fille, qu’il encadre de la tête aux pieds. Filmer comme on drague, un beau programme pour un cinéaste. Mais le dragueur d’images n’est pas un prédateur.
Parfum